L'Etablissement public Paris-Saclay (EPPS) a entrepris de créer des synergies entre les établissements de recherche et d'enseignement supérieur sur le plateau, de les décloisonner, de mutualiser leurs ressources et de leur donner une identité commune, afin de réaliser un campus d’envergure internationale. Nous avons affirmé que cet objectif n'est peut-être pas hors d'atteinte, à condition de concevoir le projet en rapport avec les caractéristiques et les proportions du territoire, donc en résistant à toute tentation de gigantisme.
Le projet initial de Christian Blanc de 2008 obéissait à une logique de création de ville nouvelle sur le plateau, desservie par un métro. N'y auraient alors subsisté que 800 ha d'espaces agricoles, ce qui aurait en fait signé l'arrêt de mort de l'agriculture sur le plateau et donc ouvert la voie vers l'urbanisation intégrale du plateau. Par la suite, les ambitions de l'Etat ont été revues à la baisse et la "sanctuarisation" d'au moins 2300 ha de terres agricoles sur le plateau au sein d'une "zone de protection naturelle, agricole et forestière" (ZPNAF), inscrite dans la loi et sur le point d'aboutir, devait permettre de contenir mécaniquement les convoitises.
Or, depuis que l'EPPS et la CAPS ont signé, en janvier 2012, un protocole d'accord – qui faisait dire au président de la CAPS que "les élus reprennent la main sur l'aménagement" – on assiste à une recrudescence des velléités urbanistiques disproportionnées. Il semble bien qu'on soit reparti dans le sens de la création d'une ville nouvelle :
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trois "centres de vie" chacun avec ses commerces et autres aménités,
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quelques 100.000 logements sur 15 ans,
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triplement des surfaces dédiées au développement économique.
En outre, on se berce d'illusions en escomptant la création de plus de 2000 emplois par an par la magie hypothétique de "l'effet cluster".
Pour le quartier de l'Ecole polytechnique (QEP, précédemment désigné comme QOX+X), la municipalité de Palaiseau prévoit une révision de son PLU qui autoriserait des "émergences" de 45 mètres de haut, c'est-à-dire des immeubles de 15 étages ! Nous avons appris par ailleurs que, malgré les injonctions de la comission d'enquête publique de la ZPNAF, la municipalité de Palaiseau refuse d'inscrire dans la ZPNAF les coteaux boisés situés sur sa commune, en bordure du plateau à proximité des émergences envisagées. Elle estime que c'est inutile parce que le PLU offre un meilleur niveau de protection que la ZPNAF ! Puisqu'elle révise son PLU quasiment en permanence – en particulier, chaque fois qu'un nouveau projet d'urbanisation se fait jour –, autant dire qu'elle considère ces coteaux boisés comme une réserve foncière.
Tout ceci relève d'une mégalomanie totalement hors du réel, du même ordre que la "Silicon Valley à la française". Il faudrait garder les pieds sur terre et procéder selon un plan d'ensemble cohérent mais évolutif ! Ainsi, pour le développement économique nous disposons déjà, avec Courtabœuf, de l'un des plus grands parcs d'activité d’Europe, extensible, qui plus est. Commençons donc par exploiter à fond cette ressource avant de tirer des plans sur la comète avec le cluster, dont rien ne permet de garantir le succès.
Pour nous, le véritable enjeu de l'aménagement du plateau consiste à respecter l’identité, la configuration, l'environnement et le cadre de vie de ce territoire !