Les auteurs de la tribune publiée dans L'Obs en octobre 2022 ont adressé une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne pour qu'elle prenne conscience de l'incongruité de construire des lignes de métro au milieu des champs, sachant que :

  • la faible densité des territoires traversés ne permet pas de rencontrer une clientèle suffisante pour justifier un transport lourd ;
  • la sobriété énergétique est cruciale pour maintenir vivable notre planète et en particulier les grandes agglomérations, alors que ces projets généreraient de l'étalement urbain et augmenteraient les besoins de mobilités ;
  • la sobriété financière s'impose lorsqu'on fait face à une dette publique abyssale et une dette privée qui l'est tout autant ;
  • la justification socio-économique de ces projets repose sur des mensonges et des chiffrages truqués.

L'évaluation socio-économique d'un projet – le bilan de ses avantages et de ses coûts – devrait déterminer de façon objective si le projet est avantageux ou non pour la collectivité, pourvu que l'évaluation est réalisée de manière honnête, impartiale et transparente.
Or, les évaluations socio-économiques des lignes du GPE ne sont ni transparentes, ni impartiales, ni honnêtes.
Elles sont partiales car effectuées par la Société du Grand Paris (SGP), juge et partie ; elles sont certes soumises à contre-expertises, mais les résultats de celles-ci sont largement ignorés.
Elles sont opaques car sortant d'une « boîte noire » dont seule la SGP connaît le fonctionnement et le paramétrage.
Elles sont malhonnêtes car les chiffres sont manipulés de façon à obtenir les résultats escomptés : par un tour de passe-passe les lignes les moins pertinentes en 2016 sont miraculeusement devenues les plus rentables en 2021.

L'évaluation du bilan carbone du GPE est basée sur les mêmes hypothèses fallacieuses que celles qui sous-tendent les évaluations socio-économiques. Notre article Grand Paris Express – d'un trucage à l'autre complète la lettre ouverte à Elisabeth Borne en constatant qu'en cette matière on retrouve le même type de prestidigitation. Nous rappelons en outre que ce « greenwashing » abusif a permis à la SGP d'obtenir l'autorisation d'émettre des « obligations vertes » pour financer la construction du GPE ; elles n'ont donc de vertes que le nom, ce qui n'est pas loin de relever de l'escroquerie.
Nous suggérons de faire réaliser une nouvelle évaluation du bilan carbone par une tierce partie indépendante – par exemple Carbone 4, le champion français en la matière – pour les seuls tronçons 17 Nord et 18 Ouest.

En résumé, nous avons affaire à un hold-up, dont il paraît inconcevable que le gouvernement s'en rende complice ! Il n'est pas trop tard pour réparer ces erreurs !