Le Schéma directeur de la région d'Ile-de-France (SDRIF) est un document d'urbanisme et d'aménagement du territoire francilien ayant valeur prescriptive pour les documents locaux d'urbanisme – schémas de cohérence territoriale (SCoT) au niveau des intercommunalités et plans locaux d'urbanisme (PLU) au niveau des communes –, qui ont pour vocation d'affiner, à leur échelle respective, les modalités de mise en œuvre des orientations du SDRIF. Le SDRIF se fixe comme objectif principal de maîtriser la croissance urbaine et démographique et de contrôler l'utilisation de l'espace. A cet effet, il préconise des actions pour corriger les disparités spatiales, sociales et économiques de la région, coordonner l'offre de déplacement et préserver les zones rurales et naturelles.
Le SDRIF est révisé plus ou moins régulièrement pour l'adapter aux évolutions et tirer les enseignements de sa mise en œuvre. Le SDRIF actuellement en vigueur est celui de 1994. En 1995, la responsabilité de l'élaboration du SDRIF a été transférée de l'Etat au Conseil régional d'Ile-de-France, mais l'Etat reste maître de son approbation finale. Au terme d'une période de gestation de quatre ans, la Région a voté, le 25 septembre 2008, la dernière révision du SDRIF, qui planifie l’aménagement de la région capitale jusqu’en 2030.
Ce nouveau SDRIF mentionne explicitement que "au moins 2 300 ha d’espace agricole, dont environ 200 ha au nord-ouest de Toussus-le-Noble devront être préservés sur le plateau de Saclay (à savoir les communes de Gif-sur-Yvette, Igny, Orsay, Palaiseau, Saclay, Saint-Aubin, Vauhallan, Villiers-le-Bâcle, Guyancourt, Buc, Toussus-le-Noble, Châteaufort, Les Loges-en-Josas, Bièvres, Jouy-en-Josas) dans l’objectif du maintien de l’agriculture périurbaine." L'action de COLOS a été déterminante pour obtenir cette formulation, la seule en son genre pour toute la région francilienne.
Trois ans après son aboutissement, le nouveau SDRIF n'a toujours pas été entériné et n'est pas près de l'être. C'est que l'Etat considère qu'il n'est pas en accord avec les ambitions du projet du Grand Paris ; ainsi, pour l’exécutif, les objectifs de croissance économique du SDRIF (2 %) manquent d’ambition, l'Etat tablant de son côté sur une croissance de 4 %. En effet, depuis les élections présidentielle et législative de 2007, le SDRIF est en proie à des tiraillements et luttes d'influence entre l'Etat et la Région, exacerbés par des oppositions politiques entre les principaux acteurs. Pour comprendre et apprécier la situation d'aujourd'hui, il est utile de retracer l'historique de la révision du SDRIF en parallèle avec l'évolution du projet du Grand Paris et/ou de se référer au livre de Marc Wiel Le Grand Paris – premier conflit né de la décentralisation (éd. L'Harmattan, 2010).
Résultat des courses : l'Etat a gardé le SDRIF "sous le coude" jusqu'à ce qu'il ait fait passer la loi du Grand Paris, le 3 juin 2010. Une fois cette étape franchie, le projet de SDRIF a enfin été transmis pour avis au Conseil d’Etat, mais celui-ci l'a retoqué en octobre 2010 au motif qu'il est incompatible avec la loi du Grand Paris.
Pour sortir de cette impasse, suite à l'accord Etat-Région du 26 janvier 2011 sur le réseau de transport Grand Paris Express, le parlement – à l'initiative de la sénatrice Nicole Bricq et sur la base d'un rapport sénatorial correspondant – a voté la loi du 15 juin 2011, qui introduit une dérogation temporaire au Code de l'urbanisme. Elle précise que les révisions et modifications de plans locaux d'urbanisme (SCoT, PLU, cartes communales) "dès lors qu'ils sont compatibles avec les dispositions du SDRIF de 2008 qui ne sont pas contraires à la loi du Grand Paris, ne sont pas illégales du seul fait qu'elles sont incompatibles avec le SDRIF de 1994." Cette formule alambiquée laisse aux élus locaux le choix entre rester sur le SDRIF de 1994 ou adopter les dispositions du SDRIF de 2008 ; en effet, cette "loi rustine" ne pouvait imposer le SDRIF de 2008, celui-ci n'étant qu'un projet sans force de loi. D'où risque d'incohérences sur le terrain, voire de contentieux. Qui plus est, ce projet va obligatoirement évoluer, puisque la loi du 15 juin relance la procédure de révision du SDRIF, afin d'aligner le SDRIF sur les ambitions de l'Etat pour le Grand Paris, notamment en y intégrant les projets du schéma de transport du réseau Grand Paris Express. Cette relance de la révision du SDRIF interviendra dès la publication par le Conseil d'Etat du décret approuvant le "schéma d'ensemble" du Grand Paris Express, probablement à l'automne 2011. Cependant, à ce jour, les modalités et le calendrier de cette nouvelle révision n'ont pas été arrêtés. En tout état de cause, la loi du 15 juin implique que la révision devra être bouclée avant la fin de 2013.