« J’appelle purement et simplement à l’abandon du tronçon Saclay-Versailles de la ligne 18 », voilà la phrase clé du communiqué de presse rendu public le 13 septembre par notre député Cédric Villani. Après quatre ans de mandat parlementaire, il s'est rendu à l'évidence que lui a révélée la réalité du terrain et le ressenti de la population à l'égard des solutions en quête de problèmes que l'État de fer est venu imposer aux citoyens de terre de notre territoire.
L'abandon de ce tronçon nocif de la ligne 18 serait un grand pas dans la bonne direction. Nous accueillons donc très favorablement l'initiative de notre député, qui fait d'ailleurs référence à nos prises de position en la matière. D'aucuns diront sans doute qu'il agit en fonction d'arrière-pensées électorales, mais c'est oublier que Cédric reste un scientifique dans l'âme et le propre d'un scientifique, contrairement aux politiciens, est qu’il n’éprouve aucune difficulté à reconnaître son erreur lorsque la preuve en est faite.
Quant au tronçon est − que Cédric continue à soutenir, tout en admettant qu'il est loin de résoudre tous les problèmes de desserte de Paris-Saclay −, il convient de rappeler qu'il comprend deux sections : Orly-Massy et Massy-Saclay, dont la première est tout aussi inutile que la section Saclay-Versailles, comme l'a démontré à plusieurs reprises Jacqueline Lorthiois ; dans sa contribution à la dernière enquête publique sur la ligne 18, elle met en évidence qu'entre Orly et Massy, les besoins de déplacements sont encore plus faibles qu'entre Saclay et Versailles. C'est que les extrémités de ce tronçon sont situées dans deux bassins d'emploi parfaitement disjoints.
Seule la liaison entre Massy et Saclay peut prétendre à une certaine pertinence. Mais elle relève beaucoup plus d'un transport de proximité – à l'intérieur du même bassin d'emploi et de vie – que d'un transport lourd de transit comme la ligne 18, avec seulement deux ou trois arrêts. Un tramway y serait bien mieux adapté qu'un métro et une solution comme CarLina, avec sa possibilité de ramifications, serait encore bien plus pertinente, même sans considération de coût, y compris pour des liaisons plateau-vallées que ne saurait réaliser un tramway.
En outre, une liaison rapide entre Saclay et Paris nuirait au développement d'une vie locale à Paris-Saclay : avec la ligne 18, les gens qui viendront habiter là iraient majoritairement travailler, et les étudiants se divertir, à Paris ; sans la ligne 18, on encouragerait ceux qui viendront travailler à Paris-Saclay à s'installer plus près de leur lieu de travail (comme cela s'est produit naguère pour nombre de salariés du CEA) et les étudiants animeraient davantage la vie locale.
Si la ligne 18 a évidemment sa problématique propre, elle partage avec d'autres lignes en grande couronne francilienne Les écueils du Grand Paris Express, dont le manque de pertinence due à la faible densité des territoires parcourus.
À notre avis, on peut faire autrement, mieux et moins cher pour véhiculer les Parisiens vers Paris-Saclay, comme cela a été exposé dans la lettre ouverte au Premier ministre et dans la tribune de Jean Vivier « Il n’est pas trop tard pour réduire le périmètre du Grand Paris Express ». Cédric Villani se fait l'écho de cette dernière, avec ce passage :
En effet, cette attitude frileuse est irrecevable et on peut espérer qu'elle ne perdure pas au-delà des échéances électorales de 2022.