Comme annoncé il y a plus d'un an, le financement du Grand Paris Express ne pouvait pas ne pas poser problème. Le contexte de crise économique persistante oblige les acteurs, qui ne sont plus tous les mêmes depuis les changements politiques de mai 2012, à s'interroger sur la pertinence de ce projet, les hypothèses sous-jacentes, les évaluations financières et la faisabilité sur le plan du calendrier de réalisation.

 

Pour l'heure, une mission d'étude a été confiée à Pascal Auzannet, ex-directeur des RER à la RATP, afin d'affiner l'estimation des coûts et de proposer un phasage des travaux compatible avec les moyens financiers disponibles ; son rapport doit être rendu en novembre, mais sans être rendu publique, car ensuite des arbitrages ministériels interviendront ; ce ne sera vers février 2013 que l’on pourrait y voir plus clair.

En attendant, Pierre Serne, vice-président de la région Ile-de-France et vice-président du STIF, a dévoilé son point de vue sur les priorités à mettre en place :
  • Première priorité : la partie sud de la ligne rouge.
  • Seconde priorité : la partie nord-est de cette ligne rouge, à l’exclusion du prolongement vers l’aéroport Charles-de-Gaulle.
  • Troisième priorité : la ligne orange et l’extension de la ligne 14 du métro parisien.
  • Ces trois priorités devraient être achevées en 2025.
  • Tout le reste est reporté après 2025.

Cette approche semble aller dans le bon sens dans la mesure où elle cible les éléments du Grand Paris Express les plus pertinents et sur lesquels il existe un certain degré de consensus. D'autre part, elle impliquerait vraisemblablement l'abandon de la ligne verte, qui devait desservir le plateau de Saclay.

Si la ministre Cécile Duflot a "infirmé" le positionnement de Pierre Serne, elle a réaffirmé que l'ordre des priorités sera établi en fonction des nombres d'habitants desservis et du besoin de désenclavement de certains territoires, ce qui devrait donner le même résultat. 
 

 
Au-delà de la problématique proprement dite du Grand Paris Express, nous vivons actuellement une période de flottement concernant la suite à donner au projet du Grand Paris élaboré par le précédent gouvernement. Le fait que ni l'Etat ni la Région ne veulent se déjuger ouvertement de leur prétendu "accord historique" de janvier 2011 n'y est sans doute pas pour rien. Le positionnement de la Région sur le "séquençage" du Grand Paris Express semble aussi témoigner d'une prise de conscience de ce qu'il ne faille pas surestimer la capacité de nouvelles lignes de transport collectif à organiser le développement économique, social, urbain de l’Ile-de-France, et qu'il ne faille pas oublier tout le reste, depuis l’amélioration du réseau existant jusqu’à l’organisation institutionnelle, en passant par les tarifs, les routes, l’aménagement de la région, etc.

 


Le débat public lancé par Paris Métropole sur le thème "Demain, quel Grand Paris ?" témoigne de ce que les problèmes du Grand Paris sont devant et non derrière nous.
 
Par ailleurs, "l'acte III de la décentralisation" annoncé par le gouvernement ne manquera pas de remettre en cause les structures de gouvernance actuellement en vigueur.

 


Dans ce contexte de relative indécision, le livre "Grand Paris, sortir des illusions, approfondir les ambitions", récemment publié par Jean-Pierre Orfeuil et Marc Wiel, permet à ceux qui s’interrogent aujourd’hui de prendre du recul en dépassant les simplismes et idées reçues, et de repartir des problèmes et besoins des Franciliens pour refonder le projet du Grand Paris sur des bases plus saines.
Afin d'avoir un aperçu du contenu de ce livre, on peut consulter un jeu de vidéos réalisé par Alain Lartigue :
version intégrale (36')
séquence Introduction (8')
séquence Urbanisme (16')
séquence Transports (15').