La loi du Grand Paris stipule que dans un délai de quatre mois suivant sa promulgation, un débat public doit être lancé, portant sur l'opportunité, les objectifs et les principales caractéristiques du projet de réseau de transport public du Grand Paris, autrement dit du réseau de métro automatique en double boucle de 155 km autour de Paris, communément désigné comme "Grand 8", dont le maître ouvrage est l'établissement public "Société du Grand Paris" (SGP).
Ce débat public, placé sous l'autorité de la CNDP (Commission nationale du débat public), a été lancé conjointement avec le débat public sur un autre projet de rocade par métro automatique en proche couronne de 60 km, nommé Arc Express, dont le maître ouvrage est le STIF, l'organisme régional en charge des transports.

Rappelons que la CNDP est une autorité administrative indépendante, qui décide de l'organisation des débats publics. Chaque débat public est préparé, organisé et conduit par une Commission particulière du débat public (CPDP), nommée par la CNDP. Dans les deux mois qui suivent la conclusion du débat, la CPDP en établit le compte rendu synthétique et le présente à la CNDP, qui dresse le bilan du débat. La CNDP et la CPDP sont indépendantes des parties en présence, doivent rester neutres et transparentes dans les débats, et doivent veiller à ce que le débat public fasse émerger tous les éléments nécessaires à l'évaluation du projet.

Les deux débats publics sur les projets de réseau de transport francilien se sont déroulés en parallèle du 30 septembre 2010 au 31 janvier 2011. La CNDP intègre aux dossiers respectifs de ces débats les éléments techniques et financiers des deux projets et certaines réunions publiques sont communes aux deux débats.
La CPDP dédiée au "Grand 8" a été présidée par M. François Leblond, tandis que M. Jean-Luc Mathieu a présidé la CPDP relative à Arc Express.

Cette double consultation fut la plus vaste jamais organisée en France ; son budget total avoisine les 6 millions d’euros. Certaines réunions publiques étaient communes aux deux projets. Le calendrier de la CPDP du Grand 8 comportait plus de 50 réunions publiques, dont les suivantes dans le secteur du plateau de Saclay :

  • Versailles, le 5 octobre 2010 (réunion de proximité)
  • Saint Quentin en Yvelines, le 16 novembre 2010 (réunion de proximité)
  • Massy, le 23 novembre 2010 (réunion de proximité)
  • Jouy-en-Josas (HEC), le 30 novembre 2010 (réunion thématique sur les "clusters")
  • Gif-sur-Yvette (Supelec), le 19 janvier 2010 (réunion de proximité)

Le calendrier de la CPDP d'Arc Express comptait 21 réunions publiques.

La population, les associations et les élus étaient invités à y participer et poser des questions. Les questions pouvaient également être soumises sur les sites Internet des CPDP respectives.

COLOS a remis son cahier d'acteur relatif au Grand 8 (publié par la CPDP le 7 décembre 2010), ainsi qu'un document de contribution complémentaire publié le 29 janvier 2011.

Le 31 mars 2011, deux mois après la fin du débat, la CNDP a publié le bilan et le compte rendu du débat sur le réseau de transport du Grand Paris, ainsi que ceux du débat sur le réseau Arc Express

Le compte rendu des débats sur le "Grand 8" est décevant dans la mesure où il se borne à relever des prises de position relativement triviales, mais ignore les avis et contributions des experts, tels Jean Vivier, Marc Wiel, Jean-Pierre Orfeuil et Gérard Lacoste.

Cependant, le débat public n'a pas été inutile.

D'une part, la nécessité impérieuse d'accorder une absolue priorité à l'amélioration des infrastructures de transport existantes a été répétée tellement souvent au cours des réunions publiques que tous les acteurs, y compris la SGP, en sont maintenant impregnés.

D'autre part, voici ce que dit le bilan au sujet du plateau de Saclay :

Un sujet très controversé : la desserte du plateau de Saclay
Si chacun reconnaît que depuis plus de 20 ans le potentiel de Saclay est sous-exploité, la SGP l’explique par l’absence de desserte au moyen d’infrastructures de communication modernes.
Pour que se développe le « cluster » espéré, il convient selon elle d’offrir, notamment au secteur privé susceptible d’y investir, un moyen de transport efficace, capable de relier Saclay à Paris en moins de 30 minutes et Saclay à Roissy en moins de 50 minutes.
À l’opposé, la Région juge, au regard du rythme de développement de ce site, qu’il est prématuré d’en assurer la desserte, celle-ci pouvant être réalisée au fur et à mesure des besoins.
D’où des propositions, avancées de manière récurrente en réunions publiques, visant à ne pas réaliser ce tronçon, à en transférer le financement au profit du nord-est de la région parisienne et à renforcer les lignes RER existantes et les liaisons légères entre ces lignes et le plateau de Saclay dont de nombreux intervenants désirent sauvegarder la vocation agricole (au moins 2 300 hectares tels que votés par le Conseil régional en septembre 2008). On retrouve ici l’opposition que l’on peut qualifier d’usuelle entre partisans de l’implantation d’une infrastructure, quelle qu’elle soit, et défenseurs du maintien des surfaces cultivables.
Conviendrait-il en conséquence d’organiser un débat public spécifique sur l’aménagement de ce secteur ? Certains acteurs en ont exprimé le souhait. Des propositions de liaisons alternatives ont été avancées lors du débat, telles la réalisation d’une voie ferrée souterraine nouvelle reliant le futur centre de vie du plateau de Saclay, prévu à proximité d’Orsay, aux voies desservant la gare Montparnasse et comportant une gare intermédiaire à Vélizy, un tram-train entre Saclay et Massy ou des bus à haut niveau de service (BHNS).

Il semble bien, en effet, que le débat ait eu pour mérite de mettre en évidence le manque de pertinence de la ligne verte du Grand 8, si bien que la SGP explore désormais d'autres moyens, moins lourds et réalisables plus rapidement, pour desservir le plateau de Saclay.