Survol historique du plateau de Saclay

Le plateau de Saclay est situé à vol d’oiseau à 10 km des portes de Paris. Il fait partie de la Ceinture verte de l’Ile-de-France.

A une altitude moyenne de 150 m, avec une largeur de 5 km et une longueur de 10 km, il est bordé au nord et au sud par les vallées encaissées de la Bièvre, de la Mérantaise et de l’Yvette. A l’ouest, il surplombe le parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse.

Carte plateau Saclay relief

Autant que l’on puisse remonter dans l’histoire, le plateau était couvert de marécages jusqu’au 17ème siècle.

A l’occasion des fouilles archéologiques menées à partir des années 1970, on y retrouve des traces d’occupation datant de l’époque néolithique, mais surtout de l’époque gallo-romaine comme à "La Mare Champtier" sur le plateau de Moulon, encore visibles à ce jour.

Ce sont surtout les travaux menés par Thomas Gobert, à la demande de Louis XIV, qui ont modifié durablement l’aménagement et les paysages du plateau de Saclay. A la recherche de la moindre goutte d’eau pour alimenter les fontaines du château de Versailles, Gobert a été amené à sillonner le plateau de rigoles collectant le maximum d’eaux de ruissellement du plateau pour les amener vers les étangs de Saclay, puis par deux aqueducs souterrains : la ligne des puits et l’aqueduc des Gonards et par un aqueduc aérien : l’aqueduc de Buc, vers les réservoirs des fontaines de Versailles. Ce réseau de rigoles, complété par le drainage des terres agricoles alentour, ainsi que la géologie particulière du sol, sont à l’origine de la fertilité des terres agricoles du plateau, reconnues comme étant parmi les meilleures d’Europe.

Dans les années 70, la construction de la ville nouvelle de Saint Quentin-en-Yvelines a amputé le plateau de Saclay, qui s'étendait jusqu'à Trappes, d'environ 2 500 hectares de terres agricoles.
A cette époque, s'est créé le Syndicat intercommunal de l’Yvette et de la Bièvre (SYB), entre les élus des communes du plateau de Saclay pour s’opposer à l’extension de la ville nouvelle sur la totalité du plateau jusqu’à Palaiseau et préserver son caractère rural.

Le plateau de Saclay aujourd’hui

Au nord du Hurepoix, à cheval sur les départements de l’Essonne et des Yvelines, premier grand site naturel au sud de Paris, il occupe une surface de 5 000 ha, dont plus de la moitié est agricole, et près d’un quart en espaces naturels divers : étangs, bois, forêts…
L’urbanisation se partage le dernier quart entre :

  • les établissements de recherche et d’enseignement supérieur, implantés essentiellement au sud-est près de Polytechnique, et au sud sur le plateau de Moulon ;
  • les zones d’activités : Buc, Saclay ;
  • les bourgs de type rural : Saclay centre, Val d’Albian, Saint-Aubin, Villiers-le-Bâcle, Châteaufort, Toussus-le-Noble, Les Loges-en-Josas ;
  • les infrastructures : l’aérodrome de Toussus-le-Noble et les routes (en particulier la RN118).

Les paysages sont ouverts. Ils sont essentiellement marqués par les vastes espaces agricoles, la présence de l’eau, au travers du réseau hydraulique des étangs et rigoles, les réserves à gibiers, les alignements d’arbres au-dessus des aqueducs souterrains, les versants boisés à la lisière, qui en marquent les limites, et un bâti agricole caractéristique de la région.

Quant aux transports, les RER B et C longent les vallées de l’Yvette et de la Bièvre. Les centres de vie du plateau sont en moyenne à moins de 3 km de l’une des gares des RER, mais les rabattements, par transport en commun, vers les gares sont embryonnaires.
Une ligne de bus en site propre relie Massy au quartier de Polytechnique ; ce site propre est en cours de prolongement jusqu’à Saclay en passant par Moulon.

Bref historique de l’aménagement du plateau de Saclay

Le plateau – cette grande tache blanche sur la carte qui suggère le « vide » à 20 km de Paris – a toujours fait l’objet de convoitises. En 1966 se profilait déjà une vision d’urbanisation massive avec desserte par une autoroute interurbaine et un « métro express régional ». Dans les années 90, il y a eu le projet de « Cité scientifique », qui n’a pas abouti et a laissé très peu de traces mais qu’on peut considérer comme le précurseur de l’actuel projet Paris-Saclay, la prétendue « Silicon Valley à la française », dont les contours étaient esquissés en 2004 dans le rapport Pour un écosystème de la croissance de Christian Blanc ; les étoiles politiques étaient alors alignées pour l'envahissement du plateau par les bulldozers et les grues…

Il est instructif de revoir les divers analyses et constats faits sur l’aménagement du plateau de Saclay depuis l’implantation des premiers établissements scientifiques en 1945, qui éclairent la situation actuelle. Il en est fait état notamment dans les documents suivants:

  1. Livre blanc – Aménagement du plateau de Saclay, établi en 1975 à la demande du Premier ministre par un comité de réflexion, composé de personnalités scientifiques et présidé par André Blanc-Lapierre, directeur général de Supélec.
  2. Rapport sur les perspectives du maintien de l’agriculture sur le plateau de Saclay, rédigé en 1983, par François Ferrari, ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts, à la demande du Premier ministre et du ministre de l’agriculture.
  3. Note sur la mise à disposition du syndicat intercommunal pour l’aménagement du plateau de Saclay, du domaine des étangs et rigoles de Saclay (SYB), rédigée par François Ferrari en 1983 en complément à son rapport, proposant un prix de cession des rigoles.
  4. Note complémentaire sur les rigoles du plateau de Saclay (émetteur occulté – 1983).

Il en ressort les recommandations essentielles suivantes :

  • l’urbanisation doit être maîtrisée et le caractère rural du plateau de Saclay être maintenu ;
  • la vocation agricole du plateau doit être préservée ;
  • le réseau des rigoles, drainant les eaux du plateau vers les étangs de Saclay, indispensable à l’assainissement des terres du plateau et donc à leur fertilité, doit être restauré et sa gestion confiée au SYB dans le cadre d’un contrat régional.

Y figurent également :

  • le développement des transports en commun par cars rabattant sur les gares de RER ;
  • le développement des "cheminements lents", dont les chemins le long des rigoles ;
  • la mise en place d’un comité de gestion des étangs de Saclay pour la gestion de la réserve naturelle créée en 1980 dans le cadre d’un protocole d’accord entre les ministres de l’environnement et de la défense.

En 1988, l'Etat a mis en demeure les communes du plateau de définir un schéma directeur local pour ce territoire, en conformité avec le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la régio Île-de-France (SDAURIF), le prédécesseur de l'actuel SDRIF. Il demande notamment de "préciser les perspectives et les moyens à mettre en œuvre pour :

  • conforter l'activité agricole ;
  • permettre un développement des potentialités scientifiques ;
  • préciser le choix de la liaison est-ouest, projet d'intérêt général dont le schéma directeur local permettra d'apprécier les conséquences."

A l'époque, l'Etat prévoyait l'implantation d'une autoroute (B12) qui cisaillerait le plateau en son milieu et saccagerait les sites des sources de la Bièvre et celui des étangs de Saclay, ainsi que de nombreuses exploitations agricoles.

Sous la houlette de Robert Trimbach, maire de Gif-sur-Yvette, les communes ont alors créé le Syndicat intercommunal d'étude et de programmation du plateau de Saclay (SIPS), qui fut transformé en District intercommunal du plateau de Saclay (DIPS) fin 1991.

En même temps, les associations, réunies en collectif depuis 1986 à l'initiative de Gérard Delattre, ont formalisé leur coopération dans le cadre de l'Union des associations de sauvegarde du plateau de Saclay et des vallées limitrophes (UASPS).

Un premier schéma directeur local – comparable aux schémas de cohérence territoriale (SCoT) d'aujourd'hui – a été adopté en 1992, puis révisé à la baisse en 1995, de sorte que le DIPS a assuré la pérennité des terres agricoles et la maîtrise de l’urbanisation, notamment en évitant la construction de logements sur le plateau.

Le DIPS avait également instaurée de bonnes pratiques en matière de concertation, notamment en faisant participer les associations à des groupes de travail. On ne peut guère en dire autant de la Communauté d'agglomération du plateau de Saclay (CAPS), qui a succédé au DIPS en 2002. De même, la concertation avec les associations avait bien été amorcée avec la mission de préfiguration de l’OIN en 2006, mais a subi un coup d'arrêt brutal après l'arrivée de Christian Blanc en 2008.

Voici où on en est aujourd’hui :

  • Pérennité des terres agricoles : cette volonté des pouvoirs publics s’est véritablement concrétisée de façon pratique et efficace lors de l’approbation du schéma directeur du plateau de Saclay (1992) par la création des PRIF (périmètre régional d’intervention foncière) : acquisition par l’Agence des espaces verts (AEV) des terres agricoles devenues disponibles et, en accord avec la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) d'Île-de-France, attribution d’un bail à un exploitant agricole. Avec la création de la zone naturelle, agricole et forestière (ZPNAF), la loi du Grand Paris n’apportera réellement un plus que lorsque un règlement commun aura été établi pour l’ensemble des zones dites "sanctuarisées" par cette loi.
  • Maîtrise de l’urbanisation : le projet d’un métro qui viendrait s’ajouter sur un tracé proche de celui du TCSP ne peut à terme qu’entraîner l’urbanisation du plateau, la rentabilité économique s’imposant. Il faut d’ailleurs rappeler que la Région était opposée à ce choix imposé par l’Etat et avait alors, au moment de la révision du SDRIF, proposé une solution raisonnable : l’implantation d’un tramway ou tram-train en utilisant le site du TCSP, si le besoin était avéré.
  • Restauration des rigoles : les difficultés soulignées dans la note complémentaire (PJ n°4), qui mettent en évidence la situation "inadmissible" et la nécessité de recourir au "plus haut niveau" de l’Etat pour la régler, sont toujours d’actualité ! Une telle situation, qui retarde la réalisation, semble totalement incompréhensible aux citoyens. Le transfert de propriété, qui s’est fait sans problème en 1954, du ministère en charge de la culture à celui de la défense, pourrait être fait aujourd’hui dans le sens inverse puisqu'est programmé le rétablissement de l’alimentation des fontaines de Versailles à partir du réseau de rigoles. Le ministère en charge de la culture pourra ensuite en confier la gestion au SYB.