Le 23 juin 2015, COLOS a organisé une conférence-débat publique à l'Ecole polytechnique sur le thème de la desserte du plateau de Saclay utilisant les RER et des moyens de transport par câble, en particulier des téléphériques urbains.
Il y a un an, nous avons publié un article mettant en avant les avantages de ce type de desserte pour le cas particulier du plateau de Saclay, lequel est bordé de vallées aux pentes abruptes qui ne facilitent guère la circulation routière. Le transport par câble a précisément été inventé pour affronter ce type de problème topographique.
Comme consigné dans notre présentation générale et notre compte rendu détaillé, la conférence a fait intervenir :
- Pierre Serne, vice-président du Conseil régional d'Ile-de-France et du STIF (Syndicat des transports d'Ile-de-France), l'autorité organisatrice de tous les transports franciliens ;
- Denis Baud-Lavigne et Mathieu Babaz, responsables du transport par câble urbain de la société POMA, le champion français dans ce domaine technologique, qui ont présenté les caractéristiques générales du transport par câble, avec une vidéo sur l'embarquement à bord d'une cabine et une présentation de quelques réalisations embmématiques de cette société ;
- Yoann Rispal, chef du projet Téléval, en cours de réalisation dans le Val-de-Marne ; c'est le premier projet de téléphérique urbain en Île-de-France, aussi présenté par une vidéo.
La parole a également été donnée à Marie-Pierre Digard, première adjointe d'Orsay, et Hervé Paillet, premier adjoint de Palaiseau, ces deux communes étant les plus directement concernées, afin de présenter leurs points de vue respectifs sur la mise en place concrète des solutions proposées.
La table ronde des échanges avec le public comprenait par ailleurs les personnalités suivantes :
- Philippe Elias, vice-président de POLVI, l'association qui regroupe les entreprise et laboratoires du plateau
- Jean-Michel Lourtioz, vice-président de l'Université Paris Sud
- Marie-Hélène Wittersheim, présidente du COURB (comité des usagers du RER B)
- Bernard Gobitz, vice-président de l'AUT (association des usagers du transport) Île-de-France.
De gauche à droite : Daniel Calinaud (animateur), Denis Baud-Lavigne, Mathieu Babaz, Bernard Gobitz, Yoann Rispal, Pierre Serne, Marie-Pierre Digard, Hervé Paillet, Marie-Hélène Wittersheim, Philppe Elias, Jean-Michel Lourtioz.
Comme la desserte du plateau par câble repose sur l'utilisation du RER B, il importait de montrer qu'il existe des solutions permettant d'augmenter sa capacité et surtout d'améliorer sa régularité. A cet effet, Bernard Gobitz a présenté en particulier l'état des lieux des projets pour venir à bout du goulot d'étranglement principal du RER B : le tunnel entre Châtelet-les-Halles et Gare du Nord. L'AUT a élaboré une proposition intéressante à un coût raisonnable. L’Association des Villes du RER B, qui regroupe 26 communes desservies par le RER B, a décidé de subventionner une pré-étude de faisabilité qui sera présentée au STIF, à la RATP et à la SNCF lors d’une réunion prévue fin septembre 2015.
De nombreuses personnes présentes ont manifesté leur appréciation du bon niveau et de l'approche constructive des présentations, ainsi que la diversité des intervenants.
COLOS a présenté différentes possibilités de tracé de téléphériques urbains, d'une part pour desservir les pôles du plateau à partir des gares de RER, d'autre part pour desservir de la même façon le parc de Courtaboeuf. En réunissant ces deux dessertes, on peut également interconnecter les pôles du plateau avec le parc de Courtaboeuf. Le schéma de principe suivant, dont le pivot est une station située près de la gare du Guichet, illustre ce propos :
Y figure également la desserte du CEA, mais celle-ci est conditionnée par la dénucléarisation du CEA.
Le survol de la RN 118 permet de minimiser les risques d'intrusion dans la vie privée des riverains.
Le coût total du réseau ci-dessus devrait être inférieure à 300 M€. En outre, un tel réseau peut être réalisé de manière évolutive : on peut commencer par les troncs communs qui partent du Guichet, puis étendre le réseau progressivement. Il y a même des voix qui se lèvent pour préconiser la poursuite de ce réseau jusqu'à Vélizy, toujours au-dessus ou le long de la RN 118 ; les liaisons nord-sud faisant défaut dans notre secteur, cette proposition pourrait être étudiée dans un deuxième temps.
Le STIF a validé le principe de la proposition de COLOS, qui a également reçu un accueil très favorable de la part de POLVI. En toute logique, elle devrait aussi plaire à l'ADEZAC (l'équivalent de POLVI sur Courtaboeuf) et aux communes des Ulis et de Villebon-sur-Yvette, qui hébergent la quasi-totalité du parc de Courtaboeuf.
Sur le plan du timing, les experts de POMA estiment qu'une concrétisation à l'horizon 2020 est tout à fait envisageable, à condition qu'on enclenche rapidement les démarches administratives. La réalisation du Téléval en Val-de-Marne, aura été plus longue, mais c'est précisément grâce à l'expérience acquise avec ce premier projet en Île-de-France que des réalisations suivantes pourront aboutir bien plus rapidement. On pourra également tirer profit du travail effectué par trois générations de candidats ingénieurs de l'ENSTA qui se sont penché sur la desserte du plateau par téléphérique urbain ; leur dernière étude a été publiée récemment.
Pour commencer, le STIF devrait être saisi par les collectivités locales aux fins de lancer une étude d'opportunité. La municipalité d'Orsay se dit prête à entreprendre cette démarche, mais il serait souhaitable qu'elle soit appuyée par la CAPS.
Par ailleurs, comme il va être procédé à la révision du projet de CDT Paris-Saclay Territoire Sud – qui répertoriait déjà un projet de téléphérique – il serait opportun d'affiner ce projet.