La version révisée du nouveau schéma directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF), qui entend couvrir le futur de notre région jusqu'en 2030, a été adoptée par le Conseil régional le 18 octobre 2013. Ensuite, le Conseil d’État a émis un avis favorable, le 17 décembre. Enfin, Le nouveau schéma directeur a été approuvé par l’État par décret n°2013-1241 du 27 décembre 2013, publié au Journal officiel le 28 décembre 2013.
 

Le dossier de ce nouveau SDRIF est composé de quatre fascicules générales "Synthèse", "Vision régionale", "Défis, projet spatial et objectifs" et "Evaluation environnementale", un fascicule "Orientations réglementaires" associé à une "Carte de destination générale des différentes parties du territoire" ainsi qu'une "Déclinaison de la carte de destination" et, enfin,  un fascicule "Propositions pour la mise en œuvre".

Il avait été soumis à enquête publique du 28 mars au 14 mai 2013. A cette occasion, de nombreux avis ont été formulés.

Comme nous l'avons exposé précédemment, le SDRIF approuvé en 2008, à la suite d'une longue période de concertation avec l'ensemble des acteurs régionaux, avait été retoqué par le Conseil d'Etat, car non conforme à la loi du Grand Paris, passée entre-temps (juin 2010). La mise en conformité requise porte notamment sur l'inclusion du réseau de métro automatique (le Grand Paris Express) et l'adoption de l'objectif de construction de 70.000 logements par an (au lieu des 60.000 du SDRIF de 2008). En vertu de la loi "rustine" du 15 juin 2011, la nouvelle révision du SDRIF doit aboutir avant fin 2013, d'où une certaine précipitation de la part de la Région et une concertation réduite au strict minimum. Cette situation est passablement incongrue si l'on considère que le changement de gouvernement intervenu en mai 2012 était susceptible de remettre en cause la loi du Grand Paris, en particulier concernant le Grand Paris Express. Mais malheureusement, ceci n'a pas eu lieu, par crainte d'avoir à organiser de nouveaux débats publics. Aussi se retrouve-t-on maintenant avec un schéma bâtard, qui, comme le souligne Alain Lipietz, avalise "un projet pharaonique qui ne sera jamais mené à bien dans sa totalité et sera en permanence rogné et rééchelonné au gré des contraintes budgétaires".

Dans le cadre de l'enquête publique, l'avis d'Ile-de-France Environnement rappelle sa position maintes fois énoncée : "l’Ile-de-France doit cesser de concentrer sur 2 % du territoire métropolitain 20 % de la population de l’Hexagone, générant 30 % de la richesse nationale et ce probablement au détriment des autres grandes villes françaises. Un rééquilibrage territorial est la condition sine qua non d’un aménagement durable respectueux de l’environnement et du bien-être de la population à la fois soutenable économiquement et socialement." En complément à l'avis d'IDFE, COLOS a formulé son avis spécifique à l'aménagement du plateau de Saclay. L'association Vivre à Bures, membre de l'UASPS, a également émis un avis très pertinent sur le nouveau projet de révision.
Bien qu'il n'ait pas été émis spécifiquement dans le cadre du SDRIF, l'avis des équipes de l'AIGP (Atelier International du Grand Paris) : "Le Grand Paris autrement" est également une source d'inspiration intéressante.

 
Voici quelques éléments concernant plus spécifiquement le plateau de Saclay.
  • Le texte du nouveau SDRIF reprend les propos désormais convenus sur l’importance du territoire pour la recherche et l’innovation (place dans le "cône sud"). Conforter, valoriser, développer ses potentialités en accompagnant par des infrastructures et des aménités urbaines pour assurer une meilleure desserte, améliorer les conditions d’accueil et l’attractivité résidentielle, voilà le fond commun qu’on connaît bien, avec l’affirmation de la vocation scientifique à concilier avec la valorisation des espaces ouverts.
  • On note l’idée d’un phasage des infrastructures de transport et de l’urbanisation. A court terme : amélioration des RER et mise en place des TCSP Massy-Saclay et Massy-Courtaboeuf (il est bien souligné que la dynamique doit bénéficier au parc d’activités), du prolongement du tram-train Evry-Massy vers Versailles, dessertes plus fines plateau-vallées. A plus long terme (échéance théorique : 2025) le métro automatique, en fonction de l’avancement de l’aménagement du plateau. Le métro n’est donc guère d’actualité, mais son éventualité ne pouvait être écartée pour rester conforme à la loi du Grand Paris. La "carte de destination" repère les possibilités d’urbanisation autour des hypothétiques futures gares de métro (sous forme de cercles blancs). Si cela devait avoir lieu, il ne resterait pas grand-chose de la ZPNAF. Par ailleurs, le nouveau SDRIF présente la perspective d'une rocade TGV qui viendrait doubler la ligne verte du métro automatique ; aucune date n'est précisée, mais une partie de cette rocade existe déjà.
  • En matière d’urbanisation, le nouveau SDRIF veut d’abord optimiser les capacités d’accueil diversifiées en vallées. L’intensification urbaine – notamment autour des gares – doit être conciliée avec la préservation de la trame verte et les continuités écologiques. Le maintien de l’agriculture est toujours à l’ordre du jour. Le traitement des eaux doit aboutir à une neutralité hydrologique au regard des rejets vers la Bièvre et l’Yvette – encore que les débits annoncés paraissent bien supérieurs à ceux demandés localement. Pour la frange sud du plateau, dans un premier temps l’urbanisation préférentielle s’opérerait en continuité avec l’existant ; ensuite, elle s’étendrait dans la partie contigüe vers le nord, en compatibilité avec le maintien des espaces agricoles. On constate l’apparition sur la carte de destination de deux pastilles brunâtres (identifiant un secteur à fort potentiel de densification), exactement là où la municipalité de Palaiseau a les intentions qui ont été dévoilées courant 2012 avec leur déjà fameuses "émergences" de 15 étages. Ne serait-ce pas une mise en compatibilité par précaution du SDRIF avec une révision de PLU de Palaiseau ?
Comme nous l'avons déjà dit et répété, lorsque les premières infrastructures (rénovation des RER, TCSP, liaisons vertes, raccords plateau-vallées) auront été menées à bien, la desserte sera suffisamment assurée pour qu'un métro, ruineux de surcroît, ne sera plus qu’un gadget dangereux pour l’intégrité du plateau.