Sur le site du Nouvel Observateur du 22 août 2014, Martine Debiesse, en sa qualité de citoyenne habitant Gif-sur-Yvette, a publié une lettre ouverte adressée au président de la République, au Premier ministre et à la ministre des affaires sociales et de la santé, au sujet de la fermeture annoncée du réacteur Osiris du CEA Saclay.
Cette fermeture, prévue fin 2015, va poser un sérieux problème de santé publique, car Osiris est l'unique site français de production de technétium 99, un radio-isotope utilisé pour le diagnostic et la thérapie de certains cancers. Il est certes prévu que le réacteur Horowitz à Cadarache prenne le relais d'Osiris, mais ce nouveau réacteur ne sera opérationnel au plus tôt que trois ans après l'arrêt d'Osiris.
Il importe de noter que l'avis de l'ASN (Autorité de sécurité nucléaire) juge également que cet arrêt serait prématuré en raison de la pénurie qu'il provoquerait, même si l'ASN confirme que ce réacteur est destiné à être fermé.
Officiellement, cette décision est motivée par le fait qu'Osiris est vieillissant et que sa sécurisation coûterait cher. Mme Debiesse démontre que cet argument ne tient pas et qu'en réalité l'existence de ce réacteur est gênante pour la construction d'un "pôle d'échange intermodal" au Christ de Saclay, comprenant en particulier l'éventuelle gare de métro de la ligne 18 du Grand Paris Express.
En effet, Osiris est une "installation nucléaire de base" (INB) – à savoir l'INB n° 40 – formant le centre d'une zone à risque d'un rayon d'un kilomètre, au sein de laquelle il est interdit d'installer différents types d'établissements ainsi que des services publics et d'intérêt collectif. Cette zone de protection interdit de toute évidence l'implantation du pôle d'échange intermodal.
Pour autant, l'arrêt d'Osiris ne réglerait pas ce problème. D'une part, Osiris restera une INB jusqu'à son démantèlement complet, ce qui peut prendre de nombreuses années. D'autre part, Osiris n'est pas la seule INB sur le domaine du CEA. Ainsi faudrait-il aussi écarter de Saclay un fleuron de la technologie française : la société Cisbio, implantée dans l'enceinte du CEA et dont le laboratoire constitue l'INB n° 29.
Cette péripétie montre une fois de plus que l'aménagement de la frange sud du plateau est décidé dans la précipitation et de façon peu professionnelle, tout ceci pour courir après un objectif utopique mettant à mal les finances publiques en période de crise économique persistante.